Paris : des tranchées en guise de latrines à Kaduha et bientôt les fosses communes, évoquées dans le procès de Bucyibaruta

Paris : des tranchées en guise de latrines à Kaduha et bientôt les fosses communes, évoquées dans le procès de Bucyibaruta
Paris : des tranchées en guise de latrines à Kaduha et bientôt les fosses communes, évoquées dans le procès de Bucyibaruta

Un témoin dans le procès de Laurent Bucyibaruta dans la cour d’assises de Paris, dit que les objectifs des gens ont changé lorsque l’avion du président Habyarimana est tombé, à Kaduha, en prétexte de l’hygiène, les tutsis eux-mêmes ont été manipulés de creuser les tranchées qui ont servi des fosses communes.

« On a mis en place de nouveaux bourgmestres, c’est pour qu’ils collaborent avec le préfet pour préparer le génocide. »  Dit le témoin. « On avait commencé à tuer les Tutsi dans la nuit du 6 avril, » il a ajouté.

Le génocide à KADUHA a commencé tard dans la nuit du 20 au 21. Des instructions avaient été données par le préfet en personne venu à la sous-préfecture. « On nous avait dit de nous occuper de l’hygiène, pour cela, nous devions creuser des tranchées en guise de latrines. Ce sont ces tranchées qui ont servi de fosses communes. » Dit le témoin.

Le témoin alors raconte comment il s’est rendu à Kaduha où il a été accueilli par une religieuse bienfaitrice et un prêtre burundais du nom de Nyandwi qui fut le premier à exterminer les gens de Kaduha

Le témoin parle du prêtre Nyandwi comme d’un militaire dont il a revêtu l’uniforme, qui avait un comportement particulier avec les jeunes filles,  et qui vendait le riz de la CARITAS.

Certains tutsi enterrés vivant

Un autre témoin qui étudiait à l’école vétérinaire de Kaduha avant le génocide contre les tutsi, dit avoir participé dans l’enterrement de sa petite sœur cadette, alors que cette dernière était encore vivante.

« Le lendemain, le 22, les élèves sont repartis porter main forte aux attaquants, en achevant les personnes pas complètement mortes. C’était donc le 22, et le 23: ce fut pour moi un jour qui sort de l’ordinaire, on avait tué le 21 et le 22, on a tué ceux qui respiraient encore. Le 23, c’était le jour de l’enterrement des personnes mortes dans l’église et dans l’établissement. Nous autres, les élèves, nous avions comme obligation d’enterrer les personnes mortes dans l’école. » Dit le témoin.

Il ajouta : « Pour certains, nous les  enterrions alors qu’ils respiraient encore. Parmi ces derniers, j’ai trouvé la cadette de ma famille, qui n’avait que six ans ; elle s’appelait Angélique.  Je l’avais trouvée dans les bois et quand je l’ai trouvée elle respirait encore et n’était pas complètement morte. J’ai tenté de lui parler, mais elle ne pouvait pas répondre. J’ai tourné ma tête, mes collègues l’ont enterrée mais je n’ai rien dit. Ce qui m’afflige et quand j’y pense aujourd’hui, c’est comme si ça s’était produit hier. Quand on y jetait quelqu’un, avant qu’on y jette le suivant, on y mettait de la terre, on pouvait voir la terre bouger par le rythme de la respiration. »

Le génocide contre les tutsi a Kaduha a laissé derrière plus de 47,000 morts. Les rescapés de Kaduha disent qu’ils auraient aimé que Bucyibaruta soit amené sur les sites des tueries qu’il a organisé et dirigé.