Paris : Les témoins  revivent leurs expériences atroces du génocide dans le procès de Bucyibaruta  

Paris : Les témoins  revivent leurs expériences atroces du génocide dans le procès de Bucyibaruta   
Site Memorial de Kibeho

Lors des audiences dans le procès de Laurent Bucyibaruta qui fut le préfet de Gikongoro avant et pendant le génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda en 1994, les témoins revivent les expériences atroces qu’ils ont vécu pendant le génocide sur les sites différents d’où ils ont été rescapés.

Un homme, qui avait 34 ans à l’époque du génocide, marié avec 4 enfants, raconte à la cour ce qu’il a vécu à l’église de Kibeho.

« Vers 13h30, nous avons entendu les personnes qui contrôlaient la paroisse dire: « Nous sommes attaqués, nous sommes attaqués ».  Une foule est montée jusqu’à la hauteur du Centre de santé. Les tueurs sont venus, ils ont tiré et ont lancé des grenades. Un enfant est mort, l’autre a eu la jambe coupée (mais pas complètement détachée de son corps). Ils ont pris le jeune, ils ont mis une épée sur sa tête et l’ont enfoncée à l’aide d’un marteau, la personne dont on a enfoncé une épée dans la tête, c’était mon cousin » dit le témoin.

Le témoin quitte subitement  la salle en pleurant.

L’accusé lui-même, Laurent Bucyibaruta, affirme que ce que ces témoins ont vécu était plutôt atroce de façon qu’il a été lui aussi tellement touché. « M. le Président, nous avons écouté le récit du témoin ici présent, je n’ai pas de commentaires pour les évènements auxquels je n’ai pas assisté. Je précise que le 17 avril quand j’ai appris qu’il y avait eu des massacres à KIBEHO, nous sommes allés ensemble avec l’évêque. J’ai constaté tant de cadavres entassés. J’ai compris que les Tutsi à KIBEHO avaient été tués dans des conditions atroces. Je ne pouvais plus voir les cadavres des gens. C’était atroce. »

Une rescapée de l’école Marie-Merci de Kibeho raconte son histoire :

« J’ai vu deux choses là-bas que je garderai toujours en moi. Notre veilleur est allé à l’arrière de l’école, a ramené un bébé en train de téter le sein de sa maman qui avait été tuée. Il nous a confié ce bébé. Comme cet enfant ne voyait plus sa maman, il pleurait tout le temps. Ce qui m’a attristé c’est que cet homme nous a dit: « Est-ce que vous ne voyez pas qu’il serait opportun que je tue cet enfant qui pleure tout le temps ? ».

Ce qui est stupéfiant c’est que les élèves lui ont dit oui qu’il fallait tuer cet enfant car il était de sexe masculin. Ce qui n’arrive pas à me quitter, c’est que c’était moi qui tenais cet enfant et qu’il me l’a pris. J’ai serré fort cet enfant, mais l’autre a été plus fort et me l’a arraché. Il l’a emmené devant le dortoir, il l’a frappé contre le mur et lui a donné un coup de gourdin. »

Le procès de Bucyibaruta dans la cour d’assises de Paris a commencé le 9 Mai et se terminera le 12 juillet 2022 si rien ne change ; on compte 115 témoins convoqués dans ce procès dont les témoins direct à charge et à décharge, ainsi que les témoins de contexte.